Kalunga Mawazo est le fils du chef coutumier Ngombe Kasanga de l’ethnie Hemba dans le territoire de Nyunzu. Son père décède en 1999 et le 20 octobre 2000 Kalunga Mawazo est intronisé à Lubumbashi.
Pendant et après la guerre d’agression du pays par l’Ouganda et le Rwanda, il lui est impossible de rejoindre Nyunzu car toute cette partie est occupée par le mouvement RCD Goma de Azarias Ruberwa.
La situation se stabilise en 2006. Kalunga Mawazo descend à Lengwe, territoire de Nyunzu, pour y restaurer le sous-groupement et refaire tous les villages dévastés par la guerre.
Il participe à des cérémonies coutumières consistant à visiter les cimetières et à reconstruire les voyants nocturnes* pour rétablir la confiance dans la population.
Pour des raisons professionnelles, Kalunga Mawazo confie la direction de son sultanat à son frère Ngombe Mutundu Daniel (du nom de leur défunt père). Celui-ci vit en permanence à Ngombe Kasanga et règne sur toute l’étendue du sultanat de Ngombe Kasanga.
Géographie
Nyunzu est un territoire et une localité de l’ex Province du Katanga, maintenant Province du Tanganyka en République démocratique du Congo.
La Province du Tanganyka est découpée en divers territoires : Kabalo, Kalemie, Kongolo, Manono, Moba et Nyunzu.
Le territoire de Nyunzu est lui même scindé en deux secteurs (ou chefferies):
– le secteur au nord de la rivière Lukuga
– le secteur au sud de la rivière Lukuga
Deux chefs de secteurs sont nommés par l’Etat, ils sont les représentants de l’administrateur du territoire, Monsieur Munkamba (2015).
Chaque secteur est divisé en groupements :
Secteur Nord : 6 groupements : Baseba, Bena Kagela, Bango Banjo, Bakalanga 1, Bakalanga 2, Kanunu. Secteur Sud : 4 groupements : Bayoro, Babinga, Balumbu, Kamanya
Les groupements sont divisés en villages dirigés par des chefs de terre; dans chaque village, il y a des localités dirigés par des notables.
Avant l’indépendance, les entités actuellement villages étaient dirigés par des chefs de terre et avaient le statut de sous-groupement puisqu’ils exerçaient le contrôle sur plusieurs autres villages, appelés localités. Citons le cas de Ngombe Kasanga, qui exerce son contrôle sur les localités suivantes : Numbi, Kilela, Kagomba, Ngombe Mutenda, Ngombe Lubamba, Chuyi, Luazi et Miembe.
L’ethnie Hemba
D’un point de vue historique, on situe l’arrivée des Bahemba au Congo vers le 11ème siècle en provenance du bassin du Nil suite à la désertification du Sahara.
Ils ont longé le Nil jusqu’à sa source avant de s’installer dans la grande plaine de la Luama-Ulindi (entre les Province Orientale, Nord Kivu et Maniema. Ils y ont trouvé l’ethnie Rega (bantous) et les pygmées Batwa. Les Bahemba conquièrent militairement cette région et assujettissent les ethnies locales avant de déménager au 17ème siècle. Ils longent alors le fleuve Congo pour s’installer dans l’espace compris entre la rivière Luika, le fleuve Congo et la rivière Lukuga. Ils y délogent les résidents BalubaKat par la force, ceux-ci se retirant plus aux sud.
Les Bahemba se scindent alors en 2 groupes, le premier s’installant dans l’actuelle province du Maniema (Bangu Bangu Hemba) et le deuxième reste dans l’actuelle province du Tanganyka (Bahemba).
Les Bahemba sont des agriculteurs mais en cas de conflit, ils sont tous guerriers. Ils ont la réputation d’être courageux, de tenir leur parole et sont réputés pour leur franchise: quand ils disent « oui », c’est oui, quand ils disent « non », c’est non! Physiquement, avant les mariages inter- ethniques, ils étaient plutôt de grande taille.
Voici les tribus de Bahemba du le territoire de Nyunzu et Kongolo. Nyunzu : les Bena Kagela et les Baseba. Dans le Territoire de Kongolo : Bena Nyembo, Bena Mambwe, Bena Nkuvu, Bena Munono, Bena Yambula et Bena Muhona. Dans le Sultanat de Ngombe Kasanga vivent les ethnies Bahemba de la tribu des Bena Kagela.
Les rites coutumiers d’intronisation
L’ayant droit à la succession doit se déshabiller intégralement devant les notables et les fils intronisateurs, qui contrôlent scrupuleusement son physique.
Après absorption d’une boisson traditionnelle aphrodisiaque, l’ayant droit doit avoir des relations sexuelles avec une parente proche, soeur ou cousine. Ce rite est généralement pratiqué dans toutes les coutumes des bantous du bassin du Congo. C’est pour différencier le statut de chef car l’inceste est y est normalement rigoureusement interdit.
On passe ensuite à l’initiation à tous les rites mystiques d’apparition et de disparition. Les grands féticheurs du sultanat ont la charge d’initier le chef. Ca dure une semaine complète. L’ayant droit, toujours nu, reste enfermé dans une case.
Dans des pots d’argile sont conservés des restes humains d’anciens chefs: des os, des dents, des crânes, des parties sexuelles.
Les féticheurs invoquent les noms de ces anciens pour qu’ils viennent habiter dans la maison du nouveau chef et l’accompagner partout pour le rendre tout puissant. Pendant la cérémonie, on les appelle en prononçant le nom de chacun des ancêtres. Quand ils manifestent leur accord, les esprits des ancêtres répondent par des signes identifiables uniquement par les initiés.
Les repas servis au futur chef sont préparés uniquement par les notables initiateurs qui y mettent plusieurs ingrédients traditionnels visant à fortifier la puissance du chef: sang humain, chair de lion, léopard, python, etc. La boisson est un vin de palme très alcoolisé.
Uniquement la nuit tombée, le futur chef est autorisé à faire ses besoins hors de la case, et ce en présence des notables qui le surveillent.
A l’issue de cette cérémonie, le nouveau chef reçoit des insignes de puissance. On lui pratique des incisions à la tête, aux bras, aux pieds ou aux hanches. On insère dans les plaies des poudres magiques qui vont protéger le chef contre les morsures de serpent et contre les autres fétiches qu’on pourrait lui lancer à l’avenir.
L’ayant droit à la succession reçoit alors : une lance, une queue de fauve, une peau de lion ou de léopard. Ces attributs doivent être jalousement gardés dans la maison du chef avec interdiction de les égarer ou de les montrer à tout propos.
C’est seulement alors que le chef peut se rendre au cimetière pour se faire accueillir par ses aïeux. Il se rend à un endroit bien précis où il y fait ses offrandes ou sacrifices: chèvres, poules, vin de palme.
A la fin, le nouveau chef est maintenant capable de repérer les forces maléfiques et les sorciers lanceurs de sorts. Il a le pouvoir de leur intimer l’ordre de guérir la personne qu’ils allaient sacrifier ou tuer. Le chef peut également sentir si ses repas ou ses boissons sont empoisonnés.
Les voyants nocturnes
Dans tous les villages, on trouve à côté de la résidence du chef coutumier des huttes protectrices (kayaba) où sont installés les pouvoirs coutumiers pour lutter contre tout pouvoir maléfique susceptible de s’abattre sur les populations. Notamment les sortilèges des sorciers, la foudre, la sécheresse, les invasions de sauterelles, l’attaque des éléphants, des lions, abeilles, les éruptions volcaniques. Ces huttes sont censées prévenir de la présence de sortilèges par des bruits ou des songes prémonitoires.
Folklore Hemba Fichiers audio
- Folklore Hemba des Bena Munono Kayungu, interprété par Lagilwa. Enregistré en 2014 par le professeur Kalunga Mawazo au village Kayungu.
- Folklore Hemba des Bena Nkuvu interprété par Kiyana. Enregistré en 2014 par le professeur Kalunga Mawazo à Musoye.
- Folklore Hemba Kitebwe des Bena Nyembo interprété par le groupe Kitebwe. Enregistré en 2014 par le professeur Kalunga Mawazo à Lubumbashi.
- Folklore Hemba moderne interprété en swahili par l’aveugle Kalume. Enregistré en 2014 par le professeur Kalunga Mawazo à Kongolo.
- Folklore Hemba Muchaka des Bena Nyembo interprété par monsieur Kimputu. Enregistré en 2014 par le professeur Kalunga Mawazo Kayanza
- Folklore Hemba interprété par les miltaires bahemba. Enregistré en 2014 au Camp Tshatshi de Kinshasa par le professeur Kalunga Mawazo à Kinshasa.
- Folklore Hemba Muchaka des Bena Nyembo interprété par monsieur Kimputu. Enregistré en 2014 par le professeur Kalunga Mawazo à Kayanza.
- Nvula ya mbwibwi (traduction « Une pluie torrentielle »). Folklore Hemba Muchaka des Bena Nyembo interprété par Magumusya. Enregistré en 2014 par le professeur Kalunga Mawazo au village Mujunda.
- Bambote Buganga. Chanson en langue kimbote interprétée par les pygmées batwa pour se donner du courage avant de partir à la guerre pour affronter les bantous. Enregistrée par Kalunga Mawazo en 2014 à Mpende, secteur Nord Lukuga, à 60 km de Nyunzu vers Kongolo.